Un mausolée à mettre en lumière

Un mausolée à mettre en lumière

Les travaux de restauration  du Mausolée des évêques de Trois-Rivières qui ont été annoncés dans Le Nouvelliste du 17 novembre dernier  et qui ont par la suite fait l’objet d’un éditorial de Ginette Gagnon constituent une très belle occasion de faire connaître et apprécier une œuvre remarquable sous plusieurs aspects.

Situé dans le cimetière Saint-Michel, au cœur d’un aménagement dans lequel il s’insère harmonieusement, « ce mausolée de béton brut aux formes souples […] témoigne de l’audace architecturale qui existait dans les années  1960 », comme l’affirme l’architecte et professeure à l’école de design de l’UQÀM France Vanlaethem dans son livre Patrimoine en devenir : l’architecture moderne au Québec. Cela en fait en soi un monument digne d’intérêt. Il reflète aussi la volonté de l’Église de s’engager à ce moment-là dans une nouvelle ère. Il s’agit d’un des rares mausolées construits au XXe siècle, et le seul extérieur réservé à des religieux, dont on reconnaît toute l’importance dans notre histoire.

Cet ouvrage constitue aussi une partie du legs de l’architecte Jean-Claude Leclerc, puisque c’est à la suite de cette réalisation (signée aussi de Roger Villemure) qu’on lui a confié le projet de l’hôtel de ville et du centre culturel, qui font avec raison la fierté des Trifluviens et qui constituent un attrait touristique indéniable par le style et la situation. La firme PatriArch, dans un rapport daté de 2007, considère l’architecte comme celui qui a introduit le modernisme architectural dans la région de Trois-Rivières.

Le patrimoine moderne n’est pas toujours apprécié à sa juste valeur, souvent à cause des matériaux utilisés, particulièrement du béton. Traité avec soin et recherche, ce dernier permet des effets visuels et des textures impossibles à réaliser avec d’autres matériaux. Son caractère nouveau à l’époque ne permettait cependant pas de voir comment il vieillirait ni quel entretien il exigerait. N’est-ce pas le propre de l’expérimentation et de l’innovation? Reconnaître les jalons de la création fait partie de la reconnaissance de l’évolution en architecture comme dans toute forme d’art.

Trois-Rivières se définit comme une ville d’art et de culture. Pourquoi ne pas mettre en valeur une œuvre méconnue du grand public en l’insérant dans un circuit architectural et patrimonial? En Europe, on visite des cimetières, et les touristes curieux d’architecture moderne n’hésitent pas à se déplacer en dehors des centres pour  satisfaire leur curiosité. L’occasion est ici donnée de sortir de l’ombre un monument resté trop discret jusqu’ici. Et si, pour plusieurs, le patrimoine est associé à un passé lointain, rappelons que ce que nous construisons aujourd’hui sera le passé de demain.

 

Philippe Charette

Président du Conseil d’administration

Patrimoine Trois-Rivières

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